
LE PELERINAGE D'ADIEU ET LE DERNIER SERMON
L'imam Moslim a rapporté d'après Jaber (raa) :"Le Prophète (saw) passa neuf ans à Médine sans entreprendre de pélerinage, au cours de la dixième année, son pélerinage était proclamé, un concours prodigieux de peuples se rendit à Médine pour y participer et imiter le Prophète (saw)."
Le Prophète (saw) fit son entrée à la Mecque par la partie haute et s'arrêta devant la porte des Banous Chaïba, il dit :"O mon Dieu accrois l'honneur et la puissance de cette Maison (kaâba) ainsi que de tous ceux qui y sont en pélerinage ou en visite pieuse et augmente leur piété".
Puis, il continua son chemin en enseignant aux Musulmans les principes du pélerinage.
Le Jour où il arriva au Mont Arafat, il prononça un discours dont voici le texte :
"Ô Musulmans, écoutez moi, j'ignore si l'année prochaine, nous pourrons nous rencontrer en ce même endroit. Votre sang et vos biens sont sacrés, comme le sont ce jour, ce mois et cette ville. Je proscris tout ce qui se rapporte à l'ère pré-islamique, la vengeance propre à cette période est désormais interdite, à commencer par celle d'Ibn Rabiâ Ben Al Hareth, l'usure propre à la Jahiliya (ère de l'ignorance) est également interdite, à commencer par celle d'Al Abbas Ben Abdelmottaleb.
"Ô Musulmans, le démon n'espère plus être adoré sur votre terre. Mais s'il est écouté, il se satisfera de celles de vos actions que vous méprisez. Craignez le pour votre religion."
"Ô Musulmans, le mois intercalaire n'est qu'un surcroît d'infidélité ; les incrédules s'égarent ainsi ; une année, ils le déclarent non sacré, afin de se mettre en accord sur le nombre de mois que Dieu a déclarés sacrés. Ils déclarent ainsi non sacré ce que Dieu a déclaré sacré."
"Le temps a accompli un cycle complet comme au jour où Dieu a crée les Cieux et la Terre. L'année est de douze mois. Quatre de ces mois sont sacrés, dont trois successifs : Dhoul Qida, Dhoul Hijja et Al Muharram, et le mois situé entre Joumada et Chaaban."
"Craignez Dieu en vos femmes, car vous les avez prises selon un pacte que vous avez conclu avec Dieu, et ce n'est qu'avec la permission de Dieu que vous cohabitez avec elles. Elles ont des droits sur vous, et vous avez des droits sur elles. Elles ne doivent accueillir personne chez vous sans votre accord. Si elles s'avisent de le faire, frappez les modérément. En revanche, elles sont en droit d'exiger de vous que vous les entreteniez".
"Réfléchissez bien à ce message que je vous ai communiqué, Ô Musulmans. Je vous laisse deux guides qui ne vous permettront pas de vous égarer, si vous vous y conformez : le Livre de Dieu et la Tradition de Son Prophète."
"Ô Musulmans, écoutez et obéissez, même si vous êtes gouvernés par un esclave éthiopien au nez coupé, tant qu'il vous gouverne en se conformant au Livre de Dieu le Très Haut. Quant à vos gens de maisons (domestiques), nourrissez les de vos plats et habillez les de vos vêtements. S'ils commettent une faute que vous ne leur pardonnez pas, vendez les, Ô Serviteurs de Dieu, mais ne les faites pas souffrir."
"Ô Musulmans, écoutez moi et soyez raisonnables. Vous savez que les Musulmans sont frères. Un Musulman n'a droit qu'à la part des biens de son frère qu'il lui cède de plein gré. Ne soyez pas injustes envers vous mêmes. Ai-je bien transmis le message ? Vous comparaîtrez un jour devant Dieu, c'est pourquoi vous devrez éviter de vous égarer et de vous entretuer après ma mort. Que ceux qui sont ici présents transmettent ce message aux absents, ils le comprendront peut être mieux que ceux qui l'auront écouté. Vous serez interrogés à mon sujet, que direz vous alors ?
Et la foule de répondre :"Nous certifions que tu nous a communiqué ton message, que tu as accompli ta mission et que tu nous as prodigué tes conseils".
Le Prophète (saw) leva l'index vers le ciel puis le pointa dans la direction de la foule en déclarant à trois reprises :"Ô Mon Dieu, sois en témoin".
Dieu révéla à Son Messager (saw) le verset suivant :"Aujourd'hui, j'ai rendu votre religion parfaite ; j'ai parachevé ma grâce sur vous et j'agrée l'Islam comme étant votre religion"
Le Messager de Dieu (saw) ne quitta le Mont Arafa qu'au coucher du soleil. Il se rendit ensuite à Mozdalifa et dit en faisant un geste de la main droite :"La sérénité, la sérénité, ô Musulmans".
A Mozdalifa, il fit la prière du coucher du soleil et celle de la nuit ensemble, retardant la première.
Il coucha à Mozdalifa et descendit avant le lever du soleil dans la vallée de Mina où il prit sept cailloux et les jetta contre la Jamarate de l'Aqaba en déclarant :"Dieu est Grand" à chaque fois qu'il lançait un caillou.
De là, il se rendit au lieu de l'immolation des victimes où il égorgea 63 chameaux de sa propre main et chargea Ali (raa) d'immolerle reste jusqu'à cent. Puis le Prophète (saw) se dirigea vers la Maison (Kaâba) où il fit la prière de midi. Les fils de Abdelmottaleb vinrent lui offrir de l'eau de Zem Zem. Il dit "Tirez l'eau, ô Banous Abdelmottaleb, tant que les hommes ne vous disputent pas cette tâche ; s'ils avaient ce droit, je vous aurais moi même aidés à tirer". Ils lui passèrent le seau dont il but aussitôt. Puis, il s'en retourna à Médine.
 |
CE QU' IL FAUT EN TIRER |
-
Il est certain que le Pélerinage ne fut imposé qu'à partir de l'an 10 de l'Hégire, et que le pélerinage que le Prophète (saw) accomplit cette année là fut son dernier. Aussi, un bon nombre de Compagnon (raa) appelèrent ce pélerinage :"Le pélerinage d'adieu", "le pélerinage musulman" ou "le pélerinage du Prophète (saw)".
-
Les Musulmans apprirent du Prophète (saw) à prier, à jeûner, à s'acquitter de la Zakat et des autres devoirs et rites religieux. il lui restait encore à les initier aux rites du pélerinage et à effacer ces traditions de l'ère préislamique qui revenaient à la vie durant la saison du pélerinage, comme les sifflements, les applaudissement et la circumambulation sans vêtements. Le Messager d'Allah (saw) se débarassa de ces traditions en détruisant les idoles et en purifiant la Maison de Dieu. Le pélerinage à la Maison Sacrée restera de rigueur jusqu'au Jour de la Résurrection ; il fut fondé par le Père des Prophètes : Ibrahim (as) sur l'ordre de Dieu.
-
Ce pélérinage fut un moyen pour le Messager d'Allah (saw) de rencontrer les Musulmans qui se déplacèrent de toute l'Arabie. Certains ne le connaissaient point ou n'avaient pas souvent l'occasion de le rencontrer. Le Prophète (saw) voulut rencontrer cette foule de Musulmans après un Jihad qui avait duré 23 ans afin de leur présenter sommairement les enseignements de l'Islam et son système en mots concis, exprimant tout son amour pour sa communauté et de voir à travers leurs visages l'image de leurs descendants qui leur succèderont, espérant leur faire parvenir ses conseils et ses recommandations par delà les siècles.
REFLEXIONS SUR LE SERMON DE L'ADIEU
-
Dieu ! Que ces mots qu'il prononça sur le Mont Arafa sont sublimes ! Il s'adressa aux différentes générations et à l'Histoire après avoir accompli sa promesse, conduit toute une communauté et lutté pour la cause de sa mission durant 23 ans, sans répit. Le Messager d'Allah (saw) vit à travers la foule les générations futures et l'empire musulman qui allait s'étendre à l'Est et à l'Ouest de la terre et leur adressa son sermon de l'adieu en ces termes :
-
"Ô Musulmans, écoutez moi, j'ignore si l'année prochaine, nous pourrons nous rencontrer en ce même endroit." Tout l'univers, se tut pour écouter le Prophète (saw), la pierre, le désert, les villages, tout était attentif à ce mot d'adieu que prononçait le Prophète (saw) après que le monde eût le bonheur de le connaître durant 63 ans. Le voilà parlant de son prochain départ après avoir accompli sa mission.
- "Votre sang et vos biens sont sacrés, comme le sont ce jour, ce mois et cette ville." "Ô Musulmans, écoutez moi et soyez raisonnables. Vous savez que les Musulmans sont frères. Un Musulman n'a droit qu'à la part des biens de son frère qu'il lui cède de plein gré. Ne soyez pas injustes envers vous mêmes.". Le prophète (saw) parla comme s'il savait que des hommes de sa communauté allaient s'égarer plus tard et s'écarter de ses enseignements.
-
"Je proscris tout ce qui se rapporte à l'ère pré-islamique, la vengeance propre à cette période est désormais interdite, à commencer par celle d'Ibn Rabiâ Ben Al Hareth, l'usure propre à la Jahiliya (ère de l'ignorance) est également interdite, à commencer par celle d'Al Abbas Ben Abdelmottaleb." Tout le fanatisme tribal et le sectarisme dont faisaient preuve les Arabes à cette époque avec ostentation ainsi que leur fierté de parler telle langue ou d'appartenir à telle descendance doit disparaître ainsi que le fait de ses lésers les uns les autres entre frère, au moyen de l'oppression et de l'usure. La législation divine est venue à bout de cela : la turpitude a disparu, l'aveuglément n'est plus. Le Prophète (saw) a écarté toutes les traditions néfastes de la Jahiliya et proclamé qu'elles sont définitivement enterrées afin de prouver au monde entier de de faire entendre à toutes les générations, au cours des siècles que désormais, nul ne peut prétendre au progrès spirituel s'il essaie de déterrer le moindre aspect de ce cadavre longtemps enfoui sous terre, il reculera et reviendra à des périodes obscures de l'histoire ancienne quoiqu'il lui semble avancer et progresser.
-
"Ô Musulmans, le mois intercalaire n'est qu'un surcroît d'infidélité ; les incrédules s'égarent ainsi ; une année, ils le déclarent non sacré, afin de se mettre en accord sur le nombre de mois que Dieu a déclarés sacrés. Ils déclarent ainsi non sacré ce que Dieu a déclaré sacré.""Le temps a accompli un cycle complet comme au jour où Dieu a crée les Cieux et la Terre. L'année est de douze mois. Quatre de ces mois sont sacrés, dont trois successifs : Dhoul Qida, Dhoul Hijja et Al Muharram, et le mois situé entre Joumada et Chaaban." Le Prophète (saw) insista sur les mois et qu'ils n'étaient pas permis d'en modifier à sa guise leur valeur pour des raisons cultuelles ou autres comme le faisait les Polythéistes. Les mois de l'année donc ne pouvaient plus être avancés ni retardés et que le pélerinage devait désormais être accompli qu'au mois de Dhoul Hijja.
-
"Craignez Dieu en vos femmes, car vous les avez prises selon un pacte que vous avez conclu avec Dieu, et ce n'est qu'avec la permission de Dieu que vous cohabitez avec elles. Elles ont des droits sur vous, et vous avez des droits sur elles. Elles ne doivent accueillir personne chez vous sans votre accord. Si elles s'avisent de le faire, frappez les modérément. En revanche, elles sont en droit d'exiger de vous que vous les entreteniez". Ce principe consolide la situation des femmes. Le Prophète (saw) confirma en quelques mots concis la disparition de l'oppression de femmes qui sévissait durant l'ère de l'ignorance et la préservation des droits de la femme et de sa dignité à travers la législation islamique. Le Prophète (saw) devait insister sur ce point à cause de nombreux Musulmans qui n'avaient cessé de suivre les traditions pré-islamiques, négligeant la femme et ne lui reconnaissant aucun droit. Cette recommandation visait aussi à apprendre aux Musulmans à différencier en toute période entre le fait de sauvegarder la dignité de la femme et ses droits naturels par la législation islamique et celui de recourir à différents moyens leur permettant de jouir davantage de la femme et de ne la considérer que comme un objet de divertissement. Ce que l'Islam a vivement combattu.
-
"Réfléchissez bien à ce message que je vous ai communiqué, Ô Musulmans. Je vous laisse deux guides qui ne vous permettront pas de vous égarer, si vous vous y conformez : le Livre de Dieu et la Tradition de Son Prophète."Ce principe incite les Musulmans dans toutes les épreuves qu'ils rencontreront au cours de leur vie à se référer à deux sources sûres qui les empêcheront de s'égarer et de souffrir : Le Coran et la Tradition (Sunna). Le Prophète (saw) désigne ce double guide à toutes les générations futures car le Coran et la tradition ne s'adressent pas à une seule époque d'une manière spécifique, comme ils ne doivent jamais céder la place à une autre tradition ou à une culture différente.
-
"Ô Musulmans, écoutez et obéissez, même si vous êtes gouvernés par un esclave éthiopien au nez coupé, tant qu'il vous gouverne en se conformant au Livre de Dieu le Très Haut. Quant à vos gens de maisons (domestiques), nourrissez les de vos plats et habillez les de vos vêtements. S'ils commettent une faute que vous ne leur pardonnez pas, vendez les, Ô Serviteurs de Dieu, mais ne les faites pas souffrir."Ce principe définit les relations du gouvernant, du Calife ou du Chef avec le peuple ou ses subalternes. le peuple doit obéir à son Chef quels que soient son origine, son importance et son aspect extérieur, du moment qu'il gouverne suivant les préceptes du Coran et de la Tradition du Prophète (saw). Au cas où il s'en écarte, nul ne doit lui obéir. Ce n'est qu'en se conformant au Coran et à la Tradition que le Chef arrive à se faire obéir et écouter, même s'il ne s'agit que d'un "esclave éthiopien au nez coupé" car cela ne le diminue guère auprès de Dieu. Le Prophète (saw) précisa que le Chef ne jouit pas de privilèges en dehors du cadre du Livre de Dieu et de la Tradition du Prophète (saw). Il ne peut prétendre sa qualité de Chef de s'élever d'un pouce au-dessus des lois islamiques ; car en lui-même, il n'a pas de pouvoir réel, il ne fait qu'exécuter les ordres de Dieu. C'est pourquoi la législation islamique ignore ce que l'on appelle l'immunité ou les privilèges accordés à la classe des gouvernants et des juges.
-
Le Prophète (saw) voulut se convaincre que sa communauté témoignera pour lui devant Dieu, le Jour de la Résurrection. Il leur demanda :"Si l'on vous interroge à mon sujet, que direz-vous ?" . La foule répondit :""Nous certifions que tu nous a communiqué ton message, que tu as accompli ta mission et que tu nous as prodigué tes conseils". Ceci tranquilisa le Prophète (saw) qui eût la certitude de rencontrer Dieu, fort de ce témoignage. Ses yeux brillèrent de satisfaction. Le Prophète (saw) leva l'index vers le ciel puis le pointa dans la direction de la foule en déclarant à trois reprises :"Ô Mon Dieu, sois en témoin". Le Prophète (saw) éprouvait une joie immense d'avoir sacrifié sa jeunesse et sa vie pour la cause de Dieu ; il contemplait le fruit de ses efforts : la foule proclamant d'une seule voix l'unicité de Dieu, en se prosternant devant Sa religion, débordante d'amour et de ferveur. Le Prophète (saw) se remémora avec délice la soif du désert, les longues marches à la dérive, l'humiliation des moqueries et la souffrance de l'oppression pour la cause de cette religion qu'il consolida sur la terre de Dieu. Que Dieu te bénisse ! Ô Notre Prophète et que Dieu remplisse ton coeur d'une joie infinie.
Ce n'était pas seulement le témoignage des milliers de gens qui s'empressaient autour de toi, ô notre Maitre Mohamed (saw) mais le témoignage des Musulmans de toutes les générations et de toutes les époques jusqu'à la fin des temps quand tous ceux qui ont vécu sur la terre citeront de vive voix : Nous certifions que tu as accompli ta mission et que tu nous as prodigué tes conseils. Que Dieu te récompense comme Il n'a jamais récompensé le Prophète d'un autre peuple".
Mais tu nous as transmis également la responsabilité de ta mission que nous sommes loin de nous en montrer dignes ! Comme nous appréhendons de te rencontrer plus tard défigurés par tant de turpitude, de mauvaise volonté et d'enlisement dans les plaisirs de ce monde, alors que tes nobles compagnons t'entourent du martyre et couverts de traces des efforts fournis, après avoir renoncé à tous les plaisirs de ce monde pour la cause de ta mission. Prions pour que Dieu améliore la situation de tous les Musulmans, nous guérisse de l'ivresse des désirs et des plaisirs d'ici bas et nous comble de Sa Bonté, de Sa Générosité et de Ses Bienfaits.

|